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Le Puzzle

Les émergences issues des occurrences quasi-infinies

 Imaginons que l’on casse un objet structuré comme une tasse. Il est illusoire de le reconstruire en lançant les morceaux et en espérant qu’ils retrouvent leurs places initiales. Il faudrait des milliards de milliards de lancés pour que les pièces recomposent par hasard cet objet. Cette occurrence n’est pas nulle, mais il faudrait beaucoup de temps. Considérons maintenant des objets infiniment plus petits et simples comme des molécules brassées en permanence, qui se lient et se délient, par le mouvement dit brownien induit par l’agitation thermique. Si nous plaçons ces interactions dans un espace gigantesque (telle qu’une galaxie ou sur des milliards d’années), il est alors fort probable qu’à un moment donné un alignement adéquat provoque l’émergence d’une nouvelle propriété. L’apparition d’être vivants sur la Terre, voire d’autres formes de vie sur d’autres planète, apparaît alors comme une évidence. L’équation de Drake a d’ailleurs été suggérée afin de tenter d’estimer très grossièrement le nombre potentiel de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec qui nous pourrions entrer en contact.

Le troisième principe de la thermodynamique

Reprenons cette émergence et appliquons-la à l’apparition de la vie sur Terre. Les acides aminés, l’ADN, les multicellulaires, les synapses, les civilisations, voire l’informatique sont autant de nouvelles émergences qui se sont succédées pendant des milliards d’années. Remarquons maintenant que, pour perdurer, ces émergences sont des processus autoentretenus qui croissent en complexité dans le temps. Le deuxième principe de la thermodynamique annonce la croissance inéluctable du désordre. Or, nous constatons que l’agitation induite par ce désordre crée des émergences, notamment informationnelles, qui accroissent l’ordre de l’Univers. Cette pensée est également alignée avec la philosophie du « vitalisme » et du souffle de vie qui anime les êtres. Les animaux et les plantes ne peuvent en effet être réduits aux molécules qui les composent. Les émergences se situent dans l’infime écart entre le vivant et l’inerte, qui crée de l’ordre informationnel à partir du désordre physique. La vie est un phénomène extrêmement fragile qui a beaucoup de peine à se mettre en place puis à se fixer. Mais une fois qu’un organisme est stable et reproductible, sa propagation est quasi incoercible. A part en cas de destruction totale de la Terre, il a été démontré que ni une météorite ni l’explosion de l’ensemble de l’arsenal nucléaire pourrait éradiquer entièrement la vie sur notre planète Terre.