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Le Démon de Maxwell

Les Etats d’Âme

Prenons un être imaginaire, dénommé Démon de Maxwell, qui est capable d’actionner une porte entre deux compartiments : un compartiment vide et un autre qui contient un mélange de billes blanches et des billes noires sur un sol vibrant, agitées dans toutes les directions. Le Démon est capable de les distinguer et ouvre la porte quand c’est nécessaire sans utiliser d’énergie, laissant passer les billes qui ne sont pas du bon côté et bloquant les autres. Après quelques temps, toutes les noires sont d’un côté et les blanches de l’autre. S’il ne consomme pas d’énergie, il diminue le désordre ce qui est en principe impossible selon la seconde loi de la thermodynamique. Mais en réalité, c’est grâce à l’information qu’il est capable de réduire l’entropie : celle-ci lui permet de distinguer les billes (capteur) et d’agir sur l’environnement (actuateur). Cela démontre que l’information est une forme d’énergie, qu’il s’agisse d’un dispositif simple ou d’un être conscient. Or pour obtenir de l’information sur un système, il faut le mesurer. Cette mesure augmente l’entropie de l’univers d’une quantité exactement égale à la quantité d’information obtenue. On connait à présent l’importance de la mémorisation de l’information mais aussi la nécessité d’effacer cette mémoire pour réaliser un cycle thermodynamique complet. L’effacement de la mémoire ayant un coût en entropie, cela rétablit donc le second principe de la thermodynamique selon Ralf Landauer.

Si maintenant on considère un être vivant avec son ADN, ses connexions synaptiques, son cerveau, voire sa conscience, ne sommes-nous pas en face d’un démon de Maxwell ? Prenons un être humain, à sa naissance, sa mémoire est vide et elle remplie par ses parents et ses proches. Par la suite, il va faire ses propres apprentissages et les transmettre ensuite à ses propres enfants. On retrouve cette caractéristique dans l’intelligence artificielle (Machine Learning) où les algorithmes sont supervisés au début par des humains, jusqu’à ce que la machine ait acquis assez de données pour devenir autonome. Depuis la nuit des temps, il est évident que les informations de notre biosphère croissent que ce soit par la sélection naturelle, le développement de civilisation ou de l’élaboration de nouveaux outils. A un niveau plus spirituel, il y a des processus forts inscrit de manière innée ou acquise dans nos esprits comme une mère est poussée instinctivement à protéger sa progéniture ou un amoureux à « soulever » des montagnes pour retrouver sa fiancée. La foi en une croyance ne nécessite aucune mémorisation et peut être exécutée de manière spontanée.